Logement social : comment réaliser des rénovations mixtes, à la fois thermiques et acoustiques ?

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Investir dans la qualité acoustique offre des avantages tangibles : amélioration du bien-être des occupants et moindre risque de conflits liés aux bruits de voisinage
Investir dans la qualité acoustique offre des avantages tangibles : amélioration du bien-être des occupants et moindre risque de conflits liés aux bruits de voisinage

Sous l’impulsion de la loi climat et résilience, les bailleurs sociaux se doivent de rénover leur parc de logement. Chaque opération devrait être menée en se posant la question de prendre ou non en compte le critère de la qualité acoustique, facteur de bien-être et, également, de moindre risque de conflits liés aux bruits de voisinage.

La mauvaise qualité acoustique des logements : un coût social exorbitant

Le rôle des bailleurs sociaux est de proposer des logements au loyer abordable. Mais leur responsabilité est aussi de créer des environnements de vie propices au bien-être des locataires. Parmi les différents aspects à prendre en considération, l’efficacité énergétique est une priorité. Avec la loi Climat et résilience, qui impose une interdiction progressive de louer des passoires thermiques, c’est d’ailleurs une véritable course de fond qui s’impose aux bailleurs. Mais la qualité acoustique des logements est, elle aussi, un critère essentiel qui influe directement sur la qualité de vie et la santé des occupants. Car rappelons-le, l’exposition au bruit au domicile, avec son lot de perturbations du sommeil, de stress et d’anxiété, a des répercussions sur la santé. En outre, le coût annuel pour la société française de la mauvaise qualité acoustique des bâtiments a été évalué à 124 milliards d’euros (cf. étude sur le coût social du bruit menée par l’Ademe en 2021).

Investir dans la qualité acoustique : des avantages tangibles

Il est donc primordial que les bailleurs sociaux prennent en compte le critère de la qualité acoustique dans leurs opérations de réhabilitation. Investir dans la qualité acoustique présente des avantages tangibles. En améliorant le bien-être des locataires, ils favorisent une plus grande satisfaction, réduisent les risques de litiges liés au bruit et contribuent à la fidélisation des occupants (voir à ce sujet notre article Habitat social : rénover pour la thermique, mais aussi pour l’acoustique). De plus, des logements sociaux offrant une qualité acoustique supérieure peuvent être considérés comme des investissements durables et socialement responsables, renforçant ainsi la réputation des bailleurs.
La bonne nouvelle, c’est que des solutions de rénovation compatibles à la fois avec la thermique et l’acoustique existent. Mais ces solutions nécessitent une expertise sur ces deux enjeux à la fois, ce qui suppose une équipe pluridisciplinaire pour le diagnostic et le choix des solutions. Deux autres impératifs pour réussir ces opérations globales : se donner les moyens d’un suivi de la mise en œuvre et d’une vérification des performances à la réception.

Importance d’une analyse coûts/bénéfices

Concrètement, la décision d’embarquer ou non l’acoustique dans un bouquet de travaux de rénovation devrait relever d’une analyse coûts/bénéfices. Dans l’estimation des coûts des différentes solutions, on distinguera les coûts d’investissement (coût des matériaux, des travaux, etc.), les coûts de renouvellement d’équipement et les éventuels surcoûts, tels que ceux liés à la maintenance. La colonne bénéfices, quant à elle, inclut les économies d’énergie, le gain de confort pour les occupants (acoustique, qualité de l’air, etc.) et la valorisation du bien immobilier. Cette analyse doit être menée en tentant compte des éventuelles économies d’échelle qui pourraient être obtenues.

Rénovation mixte : exemple de bouquet de travaux

En immeuble collectif, une rénovation performante à la fois thermique et acoustique, pourrait par exemple inclure le remplacement des menuiseries extérieures, une isolation thermique par l’intérieur biosourcée, l’installation d’une VMC, l’isolation du toit terrasse, la rénovation de l’électricité et l’installation d’une pompe à chaleur. Dans un tel bouquet de travaux, le surcoût lié à l’acoustique serait de l’ordre de 20%. Mais cette somme est à mettre en regard de l’économie globale que représente la réduction du coût social du bruit apportée par le meilleur confort acoustique.

Conséquences acoustiques d’une rénovation thermique

Quand on isole un bâtiment contre le froid, notamment quand on remplace les fenêtres, on améliore l’étanchéité à l’air de la façade, ce qui se traduit par une nette amélioration de la protection contre les bruits extérieurs. Dans les secteurs où le trafic routier constitue l’environnement sonore principal, à proximité d’un boulevard très circulé par exemple, ce meilleur confort sonore est synonyme de meilleure qualité du sommeil pour les occupants. Mais cette meilleure isolation vis-à-vis des bruits extérieurs peut aussi s’accompagner d’une résurgence des bruits intérieurs à l’immeuble. Les bruits en provenance de l’extérieur étant très atténués, ils ne contribuent plus à masquer les bruits venant des logements voisins, qui sont alors d’autant mieux perçus. On passe donc d’un bruit de fond, continu mais anonyme, à des bruits intermittents (ascenseur, bruits de pas, TV) nettement moins bien acceptés que ceux du trafic routier.

Par conséquent, lors d’une rénovation de façade, la qualité acoustique interne du bâtiment devrait elle aussi être améliorée, afin de conserver un certain équilibre et éviter de dégrader la qualité de vie des occupants. Une telle rénovation plus ambitieuse, avec prise en compte du confort acoustique vis-à-vis des appartements mitoyens et des circulations collectives, peut inclure les travaux suivants : intervenir sur le revêtement de sol, installer un bloc-porte performant, traiter la réverbération des parties communes et réaliser un doublage performant du séparatif mitoyen. Ce bouquet de travaux complet représente certes un surcoût mais, là encore, il est à comparer au coût social évité que représentent ces meilleures conditions de vie.