
Selon l’Agence européenne de l’environnement (AEE), plus d’un demi-million d’enfants en Europe souffrent de difficultés de lecture attribuables au bruit environnemental provenant des transports. Des troubles d’apprentissage qui pourraient être largement évités grâce à des interventions visant à réduire l’exposition au bruit au domicile et à l’école. Les bureaux d’études acoustiques ont ainsi un rôle de premier plan à jouer.
L’Agence européenne de l’environnement (AEE) a publié mi-décembre 2024 un document[1] qui fournit des informations sur l’effet du bruit environnemental provenant des transports routiers, ferroviaires et aériens sur les troubles d’apprentissage et les troubles du comportement chez les enfants en Europe. Le rapport est basé sur les données transmises par les pays membres de l’Union européenne dans le cadre de la directive sur le bruit dans l’environnement. Selon l’AEE, en Europe, les enfants vivant ou allant à l’école dans des zones affectées par le bruit des transports ont tendance à obtenir de moins bons résultats en compréhension de l’écrit ; ils seraient ainsi 550 000 enfants à souffrir de troubles de la lecture dus au bruit des transports. La plupart de ces cas (84 %) sont le fait du bruit du trafic routier, en particulier dans les zones urbaines, suivi du trafic ferroviaire (15 %) et du transport aérien (environ 1 %). En outre, ces bruits sont responsables de près de 60 000 cas de troubles du comportement par an dans les pays étudiés, principalement chez des enfants vivant en zones urbaines. Ces cas d’altération de la capacité de lecture et de troubles du comportement peuvent être largement évités grâce à des interventions visant à réduire l’exposition au bruit au domicile et à l’école.
Exposition au bruit en milieu scolaire : des résultats étayés par des études scientifiques
Des preuves de plus en plus nombreuses suggèrent que les enfants exposés au bruit des transports à l’école ou à la maison sont plus susceptibles de souffrir de certains types de problèmes cognitifs, d’apprentissage, de comportement et d’obésité (ETC HE, 2024). En outre, des travaux récents sur le développement cognitif des adolescents ont montré que le bruit de la circulation était associé à l’anxiété (Thompson et al., 2024) et que l’exposition au bruit des transports à un stade précoce de la vie pouvait également entraîner des problèmes de santé mentale à l’âge adulte (Newbury et al., 2024). C’est sur la base de ce type de données récentes que l’AEE a étudié l’impact estimé du bruit des transports (routiers, ferroviaires et aériens) sur la lecture et le comportement des enfants en Europe. Les résultats complets et la méthodologie sont décrits dans un rapport (ETC HE, 2024).
L’exposition au bruit dans les établissements scolaires en Europe
En Europe (Islande, Norvège et Suisse compris), environ 14 millions d’enfants âgés de 6 à 17 ans sont exposés à des niveaux de bruit moyens dus aux transports de 55 dB ou plus. Des données récentes indiquent que le risque de problèmes cognitifs et comportementaux chez les enfants commence à augmenter dans les écoles où les niveaux extérieurs sont même inférieurs à ce seuil (Clark et Paunovic, 2018 ; Clark et al., 2021 ; Schubert et al., 2019 ; Thompson et al., 2022). En outre, d’autres études ont révélé des effets négatifs associés à l’exposition des enfants au bruit de la circulation au domicile (Hjortebjerg et al., 2016 ; Tangermann et al., 2022).
Mauvaise insonorisation des écoles : un impact sous-estimé
Cette évaluation conduite par l’AEE de l’impact du bruit dans l’environnement sur les jeunes Européens – pour rappel, 550 000 cas de troubles de l’apprentissage et 60 000 cas de troubles du comportement – est très certainement sous-estimée. Une raison à cela : les données communiquées dans le cadre de la directive européenne ne couvrent pas l’ensemble des routes, des réseaux ferroviaires, des aéroports et des agglomérations. Elles ne couvrent que les routes empruntées par plus de trois millions de véhicules par an, les chemins de fer comptant plus de 30 000 trains par an, les aéroports comptant plus de 50000 mouvements par an et les agglomérations de plus de 100 000 habitants. De surcroît, l’impact du bruit des transports sur les enfants peut commencer à des niveaux inférieurs aux seuils de la directive utilisés dans cette évaluation.
Insonorisation des bâtiments scolaires : une stratégie efficace pour réduire les troubles de l’apprentissage
Les lignes directrices de l’Organisation mondiale de la santé sur le bruit ambiant (Bjerglund, 1999) recommandent que les niveaux de bruit dans les cours de récréation ne dépassent pas 55 dB(A), tandis que les niveaux de bruit à l’intérieur des salles de classe ne devraient pas dépasser 35 dB(A) (AEE, 2020). Des études ont montré que la réduction des niveaux de bruit des transports peut contribuer à atténuer les effets néfastes sur les enfants, notamment les déficits des fonctions cognitives, l’élévation des biomarqueurs de stress et la baisse de la qualité de vie perçue (Evans et al., 1998 ; Hygge et al., 2002), ce qui met en évidence les avantages potentiels des stratégies de réduction du bruit. En outre, des études évaluant des interventions telles que des modifications de bâtiments dans les écoles ont montré des améliorations en termes de concentration des élèves et de diminution de l’agressivité (Polewczyk et Jarosz, 2020).
Insonorisation des écoles : les vertus pédagogiques du diagnostic
Pour minimiser efficacement l’exposition au bruit des transports, en particulier pour les populations vulnérables comme les enfants, il est essentiel de se concentrer sur l’amélioration de l’acoustique des salles de classe par une insonorisation adéquate. Si l’on y associe des mesures visant à réduire les sources de bruit internes, on peut créer des conditions d’apprentissage plus favorables (voir à ce sujet notre article Qualité acoustique dans les crèches : pourquoi est-ce une priorité ?).
L’insonorisation de bâtiments d’enseignement rassemble quasiment l’intégralité des situations qui peuvent être rencontrées dans le cadre d’une réhabilitation acoustique : diversité des types de bâtiments (école, collège, lycée, gymnase, préau), variété dans l’ancienneté des bâtiments, possible proximité de monuments historiques, fortes contraintes liées à la ventilation. Sur ces opérations délicates, à forte teneur technique, la culture bâtiment des acousticiens d’Espace 9 est précieuse. Dans leur démarche de diagnostic initial en réhabilitation, les ingénieurs d’Espace 9 profitent de cet état des lieux pour livrer au maître d’ouvrage un maximum d’informations sur l’état des bâtiments. De fait, les acousticiens d’Espace 9 privilégient les questions d’acoustique mais ne délaissent pas pour autant les autres enjeux : ventilation, sécurité, efficacité énergétique, accessibilité… voilà qui va très au-delà du simple état des lieux des performances acoustiques des locaux. Habités par cette vision transversale, les ingénieurs d’Espace 9 se posent de facto en relais vers les autres disciplines. Une dimension pédagogique qui requiert force de persuasion et sens de la communication.