Étude acoustique prévisionnelle ICPE : chaufferie géothermique en zone urbaine dense à Issy-les-Moulineaux

Dans le cadre du projet Issy Cœur de Ville, quartier innovant au cœur d’Issy-les-Moulineaux alliant mixité d’usages et transition énergétique, le bureau d’études Espace 9 a conduit une étude acoustique prévisionnelle liée à l’extension d’une chaufferie géothermique classée ICPE. Objectif : anticiper les nuisances sonores liées à cet agrandissement et garantir la conformité réglementaire en environnement urbain contraint. Ce retour d’expérience met en lumière les méthodes employées, les modélisations acoustiques menées, ainsi que les solutions techniques d’insonorisation mises en œuvre.

Situé en plein centre d’Issy les Moulineaux (Hauts-de-Seine), Issy Cœur de Ville est un vaste quartier entièrement piéton mixant une multitude d’usages. Il intègre plus de 600 logements en accession libre et sociaux, une résidence seniors, des bureaux, une école, une crèche et une salle polyvalente. Pour son réseau énergétique, Issy Cœur de Ville recourt à la géothermie. L’eau de la nappe phréatique, captée à 35 m de profondeur et à température constante, alimente deux boucles (eau chaude et eau glacée) desservant tous les bâtiments d’habitation du quartier, ainsi que la mairie, en chauffage, eau chaude sanitaire et rafraîchissement.

Périmètre de l’étude d’impact acoustique prévisionnelle ICPE

Le bureau d’études Espace 9 a réalisé l’étude d’impact acoustique prévisionnelle de l’agrandissement d’une chaufferie de géothermie verticale, avec notamment l’ajout de thermofrigopompes et de pompes. La chaufferie, qui est une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE), produit du chauffage et assure le préchauffage de l’eau chaude sanitaire (complément par brûleur à gaz). La mission a consisté à mesurer l’état sonore initial, à modéliser le site et ses environs, à formuler des prescriptions en matière d’atténuation et d’isolation des éléments de l’enveloppe du bâtiment technique et à rédiger le volet acoustique du dossier réglementaire ICPE (notice acoustique, voir aussi notre article Bruit des ICPE : tout savoir sur l’étude acoustique d’impact prévisionnel).

La modélisation acoustique

Quand une nouvelle chaufferie géothermique est installée, ou modifiée de manière significative, les niveaux sonores et les émergences acoustiques sont particulièrement contrôlés pour éviter tout problème de plainte de voisinage et se conformer avec la réglementation relative aux ICPE. En effet, les machines tournantes (pompes, ventilateur, etc.) ainsi que les brûleurs génèrent des bruits pouvant être la source de nuisances sonores, tant le jour que la nuit. En phase d’exploitation, les principales sources d’émission sonore de cette centrale géothermique agrandie seront les suivantes : 3 thermofrigopompes, 2 brûleurs, 9 pompes hydrauliques et 3 extracteurs de ventilation.

La majeure partie du secteur d’Issy-les-Moulineaux se trouve en zone faiblement exposée au bruit. Le territoire est cependant affecté par le bruit routier provenant du boulevard périphérique parisien, situé à proximité. L’impact sonore de l’installation constitue un enjeu fort en raison de la présence d’immeubles d’habitations contigus au bâtiment technique (voir photo). Des mesures de bruit ont été effectuées avant la mise en route de la chaufferie afin d’établir l’état acoustique initial. Un niveau de bruit résiduel de 39 dB(A) a été retenu, mesuré un dimanche en milieu de nuit. Cette mesure a été réalisée à distance suffisante du local technique pour ne pas inclure dans ce niveau les émissions sonores des deux autres pompes géothermiques qui sont déjà en activité (voir aussi notre article Étude acoustique ICPE : réglementation et notions de base).

La méthode d’analyse des émergences sonores occasionnées par la chaufferie s’appuie sur une modélisation réalisée à l’aide du logiciel CadnaR pour la caractérisation des sources présentes en chaufferie. La simulation de la propagation acoustique en espace extérieur a quant à elle été réalisée avec le logiciel Mithra-SIG, en intégrant des paramètres tels que la topographie, le bâti, la végétation, la nature du sol, la puissance acoustique des sources sonores et les données météorologiques du site. Ces modélisations permettent d’intégrer les caractéristiques propres du site d’implantation du projet et les mesures de réduction prévues.

Les prescriptions relatives à l’insonorisation du bâtiment technique

Le plafond et les murs en béton du bâtiment technique hébergeant la chaufferie étant très épais, le bruit rayonné à travers ces parois s’est avéré négligeable par rapport au bruit résiduel. De même, la porte du bâtiment s’est trouvée apporter des performances suffisantes. Restait donc à traiter les points faibles des prises et rejets d’air assurant le renouvellement d’air du local. Les résultats de l’étude ont donc porté sur le dimensionnement des pièges à sons devant être insérés dans les conduits d’extraction (réduction du bruit émis par les extracteurs d’air), et à concevoir le traitement acoustique des entrées d’air – qui ont été équipées de grilles acoustiques de ventilation. Dans ce type d’étude, il importe notamment de bien caractériser les écoulements au niveau des gaines d’air, afin de limiter les phénomènes de vibrations et de résonance. Le choix des pièges à son se fait au moyen d’abaques permettant d’évaluer l’atténuation par bande d’octave du réseau de gaines. Cette approche vise à limiter les pertes de charge aérauliques tout en réduisant efficacement l’énergie sonore.

Les données du projet

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