Bruit dans les logements sociaux : la faute au bâti, pas aux locataires

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Une étude récente révèle que 40% des Français habitant dans un logement social se plaignent de nuisances sonores. Pourtant, très peu d’entre eux ont des relations conflictuelles avec leurs voisins. La qualité acoustique du bâti serait donc en cause, plutôt que les comportements. Hélas, trop peu de bailleurs font le choix de rénovations d’ampleur incluant le renforcement des performances acoustiques.

Les nuisances sonores très fréquentes dans le logement social

Le groupe Reflex, une association de cabinets indépendants spécialisés dans le conseil en politiques publiques et l’élaboration de projets territoriaux, a publié une étude sur la perception du bruit dans les logements sociaux[1]. L’enquête révèle que 40% des Français vivant en logement social se plaignent de nuisances sonores. Pour autant, ces nuisances majoritairement créées par le voisinage ne sont pas forcément synonymes de conflit : seulement 2% des ménages interrogés ont des relations conflictuelles avec leurs voisins. Une grande partie des bruits de voisinage semblent donc être considérés comme « normaux » et faisant partie de la vie quotidienne. Cette forme de résignation trouve ses limites lorsque le niveau relationnel avec les voisins vient à se dégrader : en d’autres termes, les personnes qui entretiennent des relations amicales ou conviviales avec leurs voisins sont moins gênées par le bruit. Les locataires interrogés identifient bien les effets de ces bruits sur leur vie quotidienne, et notamment sur leur santé : plus de la moitié font un lien avec une problématique de mauvais sommeil, et très nombreux sont ceux qui évoquent ressentir du stress ou de l’irritabilité.

Dépasser le seul critère de la performance énergétique

Les solutions techniques sont complexes et la vraie question est celle du coût. Mais les auteurs de l’étude posent la question de savoir si l’amélioration des conditions de vie ne mériterait-elle pas une vraie politique ambitieuse ? De fait, les travaux de réhabilitation ne sont financés que sur un critère de gain en performance énergétique. Lorsque l’objectif de confort acoustique intérieur est visé par les architectes ou acousticiens, rares sont les bailleurs sociaux à arbitrer favorablement en faveur d’investissements massifs. Cette question reste perçue comme du confort, elle n’est donc pas jugée prioritaire, d’autant plus qu’elle n’est pas financée.

Exemples de travaux complémentaires à vocation acoustique

Quand un bailleur mène une rénovation d’ampleur, les travaux incluent généralement l’isolation thermique des façades, le remplacement des fenêtres, la rénovation des cuisines et salles d’eau, des travaux de peinture et la réfection des parties communes. Ces opérations sont l’occasion d’y associer des interventions à vocation acoustique. Des exemples ? Dans les halls d’entrée, des faux plafonds acoustiques peuvent être posés, atténuant ainsi les bruits provenant des circulations. Les portes des appartements peuvent être remplacées par des blocs portes plus épais et dotés de joins acoustiques. Dans certaines pièces, le choix peut être fait de poser des revêtements de sols souples, atténuant les bruits de pas. Sans oublier le coffrage des gaines abritant les conduites d’eau, afin d’atténuer le bruit se transmettant par les canalisations. Le coût total des travaux par appartement peut alors sembler élevé, mais il faut voir cet effort comme un investissement, dont la contrepartie en termes de meilleure qualité de vie s’apprécie dès la première nuit d’occupation.  

Le bureau d’études Espace 9 : le spécialiste des rénovations acoustiques dans le logement social

Au sein du bureau d’études acoustiques Espace 9, l’insonorisation de logements participe d’une vision transversale et multicritères du bâti, qui vise à concilier les trois exigences que sont le confort acoustique, la thermique et la ventilation. Par exemple, l’opération réalisée sur la Résidence Panoramique à Montmorency (95), dont la maîtrise d’œuvre acoustique a été confiée à Espace 9,  a consisté en des travaux d’isolation contre les bruits extérieurs accompagnés de la mise en place d’une ventilation collective. Autre exemple, le bailleur social Dynacité a mené à Ferney-Voltaire (Ain) une ambitieuse opération de rénovation de son parc de logements sociaux. Espace 9 s’est cette fois chargé de l’assistance à maîtrise d’ouvrage. Au programme : label BBC-Effinergie Rénovation, protection contre les bruits extérieurs, réfection complète des pièces humides et requalification des espaces extérieurs. A Gonesse (Val d’Oise), dans une résidence de 23 logements en plein centre historique, la société d’HLM Aximo avait programmé un ravalement, la réfection des parties communes (peintures, revêtement de sol) et la création d’un local à poubelles. L’éligibilité au dispositif d’aide à l’insonorisation au voisinage de l’aéroport Paris-Charles De Gaulle a permis d’inclure le renforcement de la protection contre les bruits extérieurs. Espace 9 s’est chargé du diagnostic et de l’assistance à maîtrise d’ouvrage. A Sarcelles (Val d’Oise), un ensemble de vingt-quatre logements individuels HLM ont fait l’objet d’une réhabilitation acoustique. Sélectionné sur appel d’offres, le bureau d’études acoustiques Espace 9 s’est chargé du diagnostic acoustique et de l’assistance à maîtrise d’ouvrage des travaux d’insonorisation. L’homogénéité architecturale de cet ensemble a permis de traiter ces pavillons comme du logement collectif, avec de substantielles économies à la clé. Jugez plutôt : au total, 171 menuiseries remplacées, vingt-quatre VMC posées et autant de combles perdus isolés du bruit, pour un coût global de 140 000 euros, soit une moyenne de seulement 5833 euros par logement !

[1] « Locataire, entends-tu ? » – La perception du bruit dans les logements sociaux : une problématique (trop) silencieuse – octobre 2023